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Posts Tagged ‘défi ABFA et V&S pour 2011’

Souvenir judiciaire.
Un roman d’Eugène Chavette, visiblement tiré d’un fait réel.

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Quatrième de couverture :
Nous sommes en 1838, à Paris. Le «Vieillard» sort du bagne, déjà serré au plus près par deux agents de la Sûreté. Il rejoint une bande de voleurs qui élaborent un coup qu’ils pensent facile et enrichissant. Nos deux agents se joignent à eux, se faisant passer pour des malfrats. Mais la vie réserve parfois de surprises, et ils en auront tous leur comptant…

La petite histoire, avant que je vous donne mon avis sur cet ouvrage…
Il me fallait un ultime classique pour terminer, à la dernière minute comme il est d’usage pour moi, le défi lecture d’ABFA et Vampires & Sorcières. J’avais choisi Moll Flanders, un bon vieux pavé, mais pour diverses raisons ne me suis que peu avancée dans cette lecture… Alors je me suis dit qu’un truc rapide à lire, un polar par exemple, ça ne me ferait pas de mal. La dernière minute décidée à s’écouler bien trop vite j’ai dû faire avec ce que j’ai trouvé ce matin pour me débarrasser de la corvée…
Cruelle erreur.
Lecteurs, lectrices, ne soyez jamais fainéants, même à l’approche du réveillon quand vous avez mille choses à faire.
Parce que j’aurais pu choisir un bon vieux Agatha Christie, Maurice Leblanc ou Conan Doyle et que nenni, j’ai voulu un truc que je n’avais pas déjà lu…
Enfin bref, vous verrez bien que je l’ai payé, j’ai pourri ma matinée avec ça, alors écoutez mon conseil : Ne soyez jamais de fainéants lecteurs.

Franchement, ça avait l’air sympa… Ça sentait le roman noir populaire, ce qui n’est pas pour me déplaire. Roublardises, magouilles et coups fumants, un brin d’argot, des personnages qui paraissaient piquants et gouailleurs, un style vif…
Ouais, bon, tout ça c’était au début.
Le style vif devient vite lapidaire, sans élégance, intérêt ou raffinement quelconque. Il se fait même pénible tant il finit par ressembler à une lente énumération de faits. Le compte-rendu final du procès est tout particulièrement indigeste.
Alors oui je comprends la nécessité de coller aux faits puisque l’ouvrage est inspiré d’une affaire réelle (ce que je ne savais malheureusement pas en tournant ma première page), mais entre la partie romancée déjà pas terrible en soi, avec ses morceaux de récits découpés à l’emporte-pièce, et les notes du procès qu’on nous sert sans la moindre mise en forme, on peut difficilement faire plus mal écrit. C’est à se demander pourquoi vouloir tirer un roman de cette histoire si l’on n’en exploite pas la matière.
Ce texte n’a ni l’attrait du roman, ni l’intérêt du documentaire qui décortiquerait une affaire judiciaire de façon pointue et objective.
Et les personnages… Pourtant intéressants au départ ils perdent vite toute substance. Que ce soit le chef de bande, la beauté un peu trop futée, le flic têtu ou le gamin désespérant de cynisme, tous, après avoir pourtant harponné mon attention, ont fini par me lasser irrémédiablement. C’est à croire qu’à mi-chemin de son récit l’auteur avait décidé de torcher le tout vite fait.
J’ai donc fait de même avec ma lecture et espère l’oublier bien vite.
Je n’ai rien trouvé qui précise quel était le but de l’auteur ou les circonstances dans lesquelles ce roman est né. Donc si vous pouvez remédier à mon inculture, ne vous gênez pas. J’avoue que ça m’a laissée perplexe.

Mais c’est avec cette purge que je termine néanmoins le défi lecture ABFA et V&S 2011.
J’espère que celui de 2012 se finira sur une meilleure note.

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Ou le pouvoir d’une femme.
Un roman écrit par Louisa May Alcott, publié aux éditions Interférences. (Étant d’une futilité grandissime, je ne peux m’empêcher de vous dire que leur papier est génial.)
Il existe également en version poche aux éditions Joëlle Losfeld.

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Quatrième de couverture :
Qui se cache sous le masque de Louisa May Alcott, l’auteur des Quatre filles du Dr March ?
Mondialement connue pour ses romans destinés à la jeunesse, Louisa May Alcott écrivait aussi sous des pseudonymes de troublantes histoires de secrets de famille, de vengeance et de pouvoir, dans lesquelles des femmes indépendantes se libèrent des préjugés pour prendre leur revanche sur un monde masculin qui cherche à les enfermer dans un carcan de conventions.
Doubles vies, doubles visages, faux-semblants et illusions : ici, personne n’est ce qu’il paraît être. De même que l’auteur pénètre par un subterfuge dans l’Amérique littéraire du XIXe siècle, l’héroïne de Derrière le masque s’introduit dans l’aristocratie anglaise grâce à une mystification.
Si l’énigme à la fois littéraire et psychologique que représente cet écrivain est déjà connue du public anglo-saxon depuis une trentaine d’années, c’est seulement aujourd’hui que le lecteur français va pouvoir enfin découvrir l’envers ténébreux de son œuvre.
Ce roman ambigu contient sans doute l’une des clés du mystère Louisa May Alcott.

Il s’agit donc, comme la quatrième de couverture nous le promet, d’un roman sur les apparences, la manipulation et la réussite sociale, mais qui, s’il est habilement mené, n’est pas non plus exceptionnel et en tout cas n’apporte rien de bien nouveau au genre.
Jean Muir, gouvernante de son état et nouvellement admise dans le foyer d’une famille de la noblesse, semble avoir un certain goût du spectacle. De fait, on voit dès le départ où la petite ambitieuse souhaite en venir. Mais y réussira-t-elle ?
Derrière le masque fait partie d’une série de romans que Louisa May Alcott publia sous pseudonyme. Elle affectionnait les ouvrages de littérature populaire, romans feuilletons, univers noirs et gothiques, comme elle en faisait d’ailleurs écrire à sa Jo. De fait, c’est ce qu’elle a mis en scène dans ses propres romans qui s’apparentent à de la littérature de sensation pour leur époque.
Derrière le masque n’est pas le plus fantasmagorique ou extravagant, ni celui qui fait montre du plus grand talent. Il est certes très bien écrit, use de quelques ressorts typiques du roman feuilleton, bien qu’il n’en soit pas un, mais il reste sans surprise majeure.
C’est pourtant un roman qui ne manque pas de finesse et dont le cynisme est fort plaisant. Il dépeint surtout la nature humaine, grossissant légèrement le trait, mais pas tant que dans d’autres ouvrages de son auteur, en cela il reste plutôt crédible et agréable. Il a aussi un petit quelque chose de désuet qui ne manque pas de charme et séduira sans doute les amateurs de romans noirs poussiéreux (le terme n’étant pas péjoratif, d’ailleurs je m’inclus dans le lot).
Il se lit très vite, bien que l’histoire n’en paraisse pas moins un peu longuette pour le lecteur qui, sachant à quoi s’attendre, peine un peu face à la naïveté des Coventry. S’il est vrai qu’ils méritent assez qu’on essaie de les duper et que l’héroïne s’y prend plutôt bien, le fait de savoir dès le départ qu’elle joue un rôle enlève un peu de subtilité à l’histoire, même si la fin reste peu assurée jusqu’à l’avant-dernier chapitre. Et, surtout, c’est l’exagération permanente de Jean Muir dans son jeu qui devient un peu agaçante à mesure que l’histoire avance.
Sur le pouvoir de séduction et les artifices dont usent les femmes pour séduire même les plus récalcitrants, j’ai préféré la pièce de Goldoni : La Locandiera. La fin y est certes plus mitigée, avec une morale un brin trop masculine, même si hommes et femmes en prennent chacun pour leur grade, mais l’auteur y a déployé plus de subtilité et d’élégance dans sa description des ruses féminines.
Derrière le masque n’en est pas moins un bon livre, fort distrayant, et il est toujours plaisant de découvrir d’autres écrits de Louisa May Alcott que ses si célèbres Quatre Filles du Docteur March.

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Un roman de fantastique historique écrit par Viviane Etrivert et publié aux éditions Argemmios.

Magnifique couverture, n’est-ce pas ? Elle a été réalisée par Krystal Camprubi.

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Quatrième de couverture :

An de grâce 1599. Renaissance tardive.

Au carrefour des influences slaves et germaniques, alors que les guerres de Religion persistent à déchirer l’Europe, la Moravie conserve ses traditions d’un autre âge et sa mémoire païenne, dans une paix fragile.

Mais là où les femmes se rassemblent pour se transmettre le vieux savoir, au travers de gestes immuables, certains hommes ont beau jeu de parler de sorcellerie et de brandir un terrible ouvrage : le Malleus maleficarum.

Noël approche. À Ostrov, on se marie. Dans les rues de Velky, les barbora distribuent des cadeaux et la troupe des loups-garous, bruyante et paillarde, fait charivari.

Neige et tempête. Dans les bois, près du Rocher de l’Ourse, rôde un inquiétant loup gris à trois pattes. Et un moine étrange va et vient, demandant aux passants pétrifiés si son hurepiau lui sied bien.

La fête peut-elle se poursuivre, quand des crimes se commettent dans l’ombre ? Et que faire, quand la Justice tombe soudain entre les mains d’un sinistre individu ?

D’abord, répondre à la question que tous se posent : qui a tué le juge Michna ?

Masky est mon grand coup de cœur de fin d’année et tout ce qui me vient à l’esprit pour l’expliquer est tout simplement : alors ça c’est un roman !!!
Oui, je sais qu’il va falloir que je fasse mieux… Mais pardonnez à l’avance mon manque d’éloquence, ne le reprochez pas au roman qui vaut bien mieux que ce que je saurais en dire et surtout lisez-le.

Ce récit, aussi passionnant qu’il est intelligemment construit, nous emporte dans la tourmente d’une fin de XVIème siècle superstitieuse, déchirée par des guerres fratricides, assombrie par la méfiance et la suspicion, les abus des uns et la crédulité des autres…
Masky n’est pourtant pas uniquement tissé de cette noirceur. Il y a entre ses lignes, entre la foi de certains et l’incursion de la légende, entre la sorcellerie et les brumes oniriques, un petit quelque chose de magique qui chasse les ténèbres ou les tient à distance à tout le moins, malgré la dureté de cette histoire.
Masky est à la croisée des genres. Roman historique très bien documenté, avec des accents de thriller, mâtiné d’un fantastique discret mais efficace, basé sur les légendes et le folklore, il nous entraîne sur plusieurs pistes à la fois sans jamais perdre en route cette diversité qui en fait un récit aussi brillant que prenant.
J’ai particulièrement apprécié le fond folklorique qui sous-tend le roman, ces anecdotes et croyances qui m’ont donné envie d’en savoir toujours plus sur les contes, légendes et croyances tchèques. Et j’ai aimé en retrouver d’autres déjà connues sous cette forme ou sous une autre, qu’il s’agisse de références littéraires ou folkloriques. Je m’émerveille toujours de voir à quel point des cultures paraissant si différentes peuvent en fait se rejoindre… Mais ceci est une autre histoire. Retenons juste pour cette fois que l’auteur fait dans ce roman un usage de la légende à la fois pointu et didactique qui est de nature à me séduire irrémédiablement.
Seul bémol pour moi : une fin un peu trop hâtive à mon goût, qui m’a quelque peu frustrée car j’aurais voulu en savoir plus sur ces personnages auxquels je me suis attachée. Mais ce n’est qu’un détail… Masky m’a offert d’excellents moments de lecture, m’a happée dans son univers, appris des choses, je me suis délectée de l’écriture de son auteur et de l’érudition dont elle fait preuve et j’espère que vous l’apprécierez de même.

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Un roman de Lauren DeStefano, publié chez Castelmore.

L’humanité croyait son avenir assuré. La science avait créé des enfants parfaits, immunisés contre toutes les maladies. Mais qui pouvait imaginer le prix à payer ? Car désormais, personne ne survit au-delà de vingt-cinq ans. Le monde a changé. Pour les jeunes femmes, la liberté n’est plus qu’un souvenir. Au nom de la survie de l’espèce, elles sont kidnappées et contraintes à des mariages polygames. Rhine a seize ans. Quand elle se réveille dans une prison dorée, elle n’a qu’une idée en tête : fuir. Qu’importe l’amour que lui portent son mari et ses sœurs épouses. Quand on n’a que quelques années à vivre, la liberté n’a pas de prix.

Vaut-il mieux vivre retiré du monde, dans un confortable cocon, en se considérant déjà mort ou dans la réalité comme si on avait la vie devant soi ?
La recherche d’un antidote peut-elle tout justifier ?

Ce roman m’intriguait beaucoup et il faut dire que le sujet en lui-même est bien trouvé. Futur incertain, manipulations génétiques qui ont mal tournées, cela n’a rien de bien novateur dit comme ça, mais avec ce petit côté Barbe Bleue en plus, ces possibles réflexions sur la condition féminine, l’éthique scientifique et les paradis artificiels, l’idée ne manquait pas de charme.
Seulement voilà, elle n’est pas suffisamment exploitée à mon goût. Tout ce qui fait le sel du récit y est en fait plutôt secondaire. L’auteur avait la matière pour faire de ce Dernier Jardin un roman grandiose, un huis clos effrayant et surtout mystérieux. Elle aurait pu jouer beaucoup plus sur les apparences, mais a malheureusement préféré s’attarder sur d’autres aspects de l’histoire. Le fait qu’Éphémère soit une trilogie y est sans doute pour beaucoup, il faut se ménager quelques révélations. Mais c’est quand même dommage, surtout que certaines d’entre elles, concernant l’histoire globale, semblent assez prévisibles pour la suite.
Au final, tout semble très manichéen. J’aurais aimé qu’on me mène en bateau, être captivée, surprise, ne pas savoir distinguer le vrai du faux, j’aurais voulu des personnages plus nuancés, ne pas savoir tout de suite qui sont les gentils, qui sont les méchants…
Je ne m’attendais pas non plus à ce que l’histoire verse dans le glauque, après tout c’est un roman pour ado, mais j’espérais quand même un peu plus de maturité, quelque chose de moins artificiel.
Le fait que la narratrice ne soit pas omnisciente, puis qu’elle raconte l’histoire au présent ménage certes un peu de mystère, surtout concernant les véritables motivations des gens qui l’entourent et qu’elle ne peut qu’interpréter, mais pas autant qu’il l’aurait fallu. Habituée au fantastique et à ses univers troubles, j’ai trouvé que ça manquait de nuance et de crédibilité. Il est très dommage de ne pas avoir suivi cette piste.
Rhine étant forcée à l’observation, on passe donc beaucoup de temps à suivre ses atermoiements et autres suppositions. C’est bien écrit, mais si on a dépassé l’âge on aura forcément du mal à s’immerger dans l’histoire et à apprécier l’héroïne. J’aurais préféré une alternance des points de vue qui aurait pu être très enrichissante dans cette histoire et qui aurait sans doute généré plus d’empathie pour ceux qui, comme moi, n’ont pas réussi à s’attacher à l’héroïne.
L’histoire est tout de même plaisante sur bien des points, même si ce n’était pas ce que j’espérais. Le public cible y trouvera facilement son compte.
Quant à moi qui suis une vieille grincheuse, même si j’ai réussi à faire abstraction de cette romance un peu trop cousue de fil blanc et du côté très girly de ce récit, j’ai quand même eu du mal à trouver le reste de l’histoire vraisemblable.
Un rhinocéros indien pourrait facilement me faire croire qu’il est une licorne (bon d’accord Beagle m’a prévenue,) j’accepte facilement ce que les auteurs me racontent de plus bizarre, mais ce roman-ci manque souvent de logique. Je n’ai pas réussi à y croire et c’est probablement ce qui m’a gênée le plus.
Entre autres choses, je veux bien croire qu’en un tel monde, alors que l’humanité est en pleine perdition, les femmes soient les premières victimes. Je veux bien croire qu’on les instrumentalise plutôt que de leur accorder le statut privilégié que devrait en toute logique justifier cette situation. Par contre, là où j’ai du mal à suivre c’est quand celles que les Ramasseurs ne vendent pas sont tuées. Parce qu’un seul homme n’en a pas voulu ? Une trentaine de filles qu’ils se sont donné un mal fou à enlever ? Sachant qu’il leur en faudra sans doute encore un bon nombre pour leur prochain client, j’ai beaucoup de mal à trouver de la logique à cet acte tout à fait gratuit et pour le moins stupide si les femmes sont une marchandise si précieuse…
C’est un détour un peu facile, comme il y en a tant d’autres.
Mais tout autant que du récit lui-même, cette impression d’invraisemblance qui ne m’a pas quittée vient aussi des réactions des personnages. Jenna par exemple, dont la triste histoire aurait pu être un pilier de ce roman, perd de sa crédibilité comme on souffle une bougie. Je ne m’explique toujours pas certaines de ses réactions, même si d’autres suivent un plan bien précis. Et pourtant c’est un merveilleux personnage, de loin mon préféré avec Rose. Ce sont elles qui ont rendu ce récit émouvant pour moi.
Rhine est quant à elle d’une étonnante incohérence et je ne parle pas là du fait qu’elle puisse d’une certaine façon s’attacher à son époux (après tout, syndrome de Stockholm, etc.) Vous parler de ses plus grandes incohérences vous gâcherait l’histoire, alors je vais me contenter d’une petite…
Rhine aime beaucoup se poser en moralisatrice, défenderesse des valeurs de l’humanité d’autrefois, elle vous parlera de liberté, de respect des morts, des femmes et de tout un tas d’autres concepts, mais ça ne la gêne pas d’avoir pour domestique personnelle une petite fille qui ne doit même pas avoir la moitié de son âge et qu’elle appelle à la moindre occasion pour se faire masser les chevilles ou couler un bain…
C’est marrant comme pour Rhine tout est relatif…
Et Linden, le fameux époux en question… Que devient-il dans tout ça ? Comment peut-il ne pas comprendre ce qui se passe autour de lui ? (S’il le sait, franchement c’est un excellent acteur. Mais s’il ne le sait pas, il devrait arrêter la luzerne) Pourquoi personne ne lui dit rien ?
Parfois je me suis demandé s’il n’avait pas autant de personnalités que d’épouses…
C’est d’autant plus déroutant qu’en fait ils sont tout à fait cohérents pendant une partie du récit, leurs réactions étant motivées par la vie qu’ils ont eue, mais que par à-coups leur psychologie semble changer du tout au tout et ça part en vrilles.
Il y a beaucoup de facilités de toutes sortes dans ce récit et ça enlève au côté dramatique, voire horrifique, dont ne peut pas se passer une telle problématique. Je crois que si on choisit un sujet aussi malsain, l’édulcorer devient vite d’un goût plus douteux encore. Il y aurait vraiment eu matière à faire de ce Dernier Jardin un roman adulte. La version jeunesse, pour bien écrite qu’elle soit et agréable à lire ne me marquera pas.
Je conseille toutefois ce livre aux filles de l’âge de Rhine. Ce n’est pas le roman du siècle, mais ça peut être une plaisante lecture qui, de surcroît, n’est pas dénuée de réflexions intéressantes, même si on ne fait que les effleurer.

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Un recueil de nouvelles de Guy de Maupassant.

Pour une fois, je vais me payer le luxe de vous résumer moi-même l’amorce du recueil.
Imaginez une tablée de gros bourrins de chasseurs (j’ai le droit d’en dire du mal, mon père pourrait en être) dont l’hôte a deux passions : les histoires et tirer le pigeon depuis sa fenêtre…
Parce qu’il est paralysé le gars, faut le savoir, et ne pouvant plus aller gambader en forêt il a trouvé l’alternative de poster un valet dans les buissons qui de temps en temps lui lâche des pigeons… C’est pathétique et c’est à peu près le gros de ses occupations…
Il adore également inviter tous ses grands copains à chasser sur son domaine, se réjouir du moindre coup de fusil, toujours posté à sa fenêtre et organiser le soir des banquets où l’on s’empiffre de gibier. (Je vous promets, je n’ai rien de particulier contre les chasseurs. Contre les viandards par contre… Ahem…)
Mais revenons à nos moutons (à défaut d’un autre mot qui ferait la rime), pour allier les deux passions précitées, notre hôte n’a rien trouvé de mieux que de réinventer le jeu de la bouteille, mais avec une tête de bécasse… Celui que désigne le bec a le droit, non pas de bécoter un de ses convives (ou alors plus tard dans la soirée peut-être) mais de croquer toutes les têtes de bécasses. Il devra en revanche raconter en retour une histoire à ses compères.
Qu’est-ce qu’on se marre durant les repas de chasseurs…
Et c’est ainsi que naît l’excuse qui permet à l’auteur de nous raconter toutes ces petites histoires…
Je vous en épargne le détail, bien évidemment, mais vous laisse mon avis sur l’ensemble à vous mettre sous la dent si je n’ai pas réussi à vous dégoûter de cet ouvrage.

Bon, il faut le savoir pour commencer : je n’aime pas les écrits de Maupassant. Rien de ce que j’ai pu lire de lui, qu’il s’agisse de lectures imposées par des professeurs sadiques (ou pire, ayant tout simplement mauvais goût) ou de choix personnels, n’a trouvé grâce à mes yeux, même si certains textes m’ont marquée.
C’est le titre de cet ouvrage qui m’a intriguée et je n’ai pas lu le résumé de crainte de me décourager d’emblée. Et puis je me suis dit qu’il était temps de réessayer… Même si je ne m’attendais pas à ce que mon point de vue sur cet auteur change radicalement, faut pas rêver… (Et puis comme chacun sait je suis aussi un peu maso…)
Sur l’écriture elle-même il n’y a rien à dire. Le style n’est pas mauvais en soi, évidemment, mais n’a rien d’exceptionnel non plus. Il n’est ni poétique, ni élégant, ni vraiment travaillé. C’est de la simplicité crue, concise, le moyen nécessaire au récit plus que l’écrin de celui-ci. C’est Maupassant quoi… Avec lui ce n’est pas l’écriture qui compte, ni la façon de raconter, c’est la nature humaine sous le vernis qui s‘écaille. Et si je ne trouve pas toujours moi-même un intérêt à son propos, c’est sans doute parce qu’il est extrêmement réaliste et que la réalité étant à ma porte, je n’ai pas besoin non plus qu’il me la raconte.
L’avantage de plusieurs histoires courtes est évidemment qu’on se lasse moins vite, mais ce ne fut néanmoins pas une lecture des plus plaisantes.
La forme de ce recueil est somme toute très classique : une petite histoire en introduction sert de lien à tous les récits qui suivent. Ceux-ci n’auraient autrement aucune cohésion. Leurs deux seuls points communs sont qu’ils se passent pour la plupart en Normandie et qu’ils nous démontrent à quel point l’humanité est pourrie jusqu’à la moelle…
Faut croire que tous ces chasseurs ont le vin mauvais. Ils ne trouvent à nous raconter que des histoires plutôt sinistres. C’est un peu un florilège de sentiments humains, parmi les pires pour la plupart. On glisse du dégoût à la nostalgie, en passant par l’effroi, on est confronté à l’avarice, la bêtise et la rustrerie. Certaines histoires sont cruelles et rudes, voire même sordides, d’autres d’une grinçante ironie, certaines sont denses et pleines de réflexion, d’autres d’une clarté vaporeuse et intangible. Oui, il y a un moment où je me suis prise au jeu. Mais ça n’a pas duré…
Ces récits mettent en scène la bêtise et tous les travers de l’humanité, s’en moquent parfois mais les regardent de loin en général. Ils sont souvent empreints d’une profonde misogynie et d’un détachement dérangeant. C’est ce que j’appellerai pour ma part de l’horreur ordinaire, réaliste, et c’est pour ça qu’elle est dérangeante. Les chasseurs, eux, semblent plus s’en réjouir qu’autre chose. Quant à moi, j’ai du mal avec ça, tout simplement. Je ne suis pas naïve non plus, mais c’est la façon de traiter le sujet qui m’a ennuyée.
Pourtant toutes les histoires ne sont pas si déplaisantes. Certaines sont même assez drôles. L’une, d’une nostalgie triste et légère a su éveiller mon intérêt. Une autre encore a su me plaire pour la réflexion sur la peur qui en est le fil conducteur. Mais je me suis surtout beaucoup ennuyée et très franchement cet ouvrage aurait pu continuer plus longtemps à manquer à ma culture sans que cela ne me pose de problème majeur…

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