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Un roman d’Anne Bishop, publié chez Milady.

Tome 1

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Présentation de l’éditeur :

Grâce à son don de clairvoyance, Meg Corbyn a gagné sa place auprès des dangereux terra indigene de Lakeside. Lorsque l’apparition d’une nouvelle drogue violente et addictive remet en cause le pacte fragile entre Autres et humains, la petite ville est de nouveau plongée dans la tourmente. Les aptitudes de Meg devraient permettre à Simon Wolfgard, dirigeant métamorphe de l’enclos, d’éviter un bain de sang. Encore faut-il déchiffrer ses visions à temps. D’autant que l’homme qui veut récupérer la prophétesse se rapproche, mettant en péril les vies de tous ceux qui la considèrent à présent comme l’une des leurs.

Après un premier tome qui m’avait semblé une bouffée d’oxygène dans le monde de plus en plus étriqué de la low fantasy, j’ai retrouvé avec plaisir Meg Corbyn et les autres habitants de l’Enclos de Lakeside.
Les problèmes évoqués dans le précédent volume sont plus que jamais d’actualité et leur source se précise. Le fragile équilibre entre humains et Terra Indigene est au bord de la rupture. Quelques personnes de bonne volonté suffiront-elles à enrayer la crise ?
Ce que j’aime chez Anne Bishop, c’est qu’elle ne tergiverse pas sur les problèmes qu’elle pose. Elle n’essaie pas, comme le font beaucoup trop de ses confrères, de remplir les pages avec du vent. Quand la solution est à portée de main, les personnages la saisissent. Ils ne sont ni idiots ni aveugles. Mais rien n’est aisé pour autant et tout ne se résout pas en claquant des doigts.
Les personnages doivent parer au plus pressé alors qu’une guerre se profile et que les accrochages entre humains et indigènes, attisés par l’usage des drogues évoquées dans le premier tome, deviennent de plus en plus fréquents. Trouver et détruire l’origine de ces substances est impératif. Mais l’on a déjà une idée de leur nature et Simon aussi… Le loup sait qu’il avance en terrain miné et que l’opinion de ses congénères à ce sujet sera peut-être plus radicale que ce qu’il souhaiterait.
Volée noire est un bon roman. On se laisse facilement entraîner dans l’histoire, les pages se tournent sans qu’on s’en rende compte. Alors que le volume précédent nous laissait quelque peu sur notre faim concernant des éléments de l’univers mis en place par Bishop, ce deuxième tome est riche en révélations.
Les prophétesses du sang sont au cœur du récit. On en apprend plus sur leur origine et on comprend mieux les réactions de Meg. En parallèle, les causes de la méfiance des Autres envers les humains sont davantage développées et c’est une partie de l’histoire qui m’a beaucoup intéressée. Les humains leur reprochent d’être des monstres, mais à mon avis ils devraient se réjouir de leur nature de prédateurs… Si les Autres leur ressemblaient davantage, peut-être les traiteraient-ils comme du bétail. Mais je digresse…
J’aime l’uchronie qu’a créée Bishop, pourtant je dois reconnaître qu’elle pèche par certains aspects. Le glissement de notre monde à celui-ci manque un peu de cohérence et on s’en rend beaucoup plus compte dans ce tome que dans le premier. Je m’étais néanmoins déjà fait la réflexion que le nom des jours est changé (et on apprend ensuite que c’est pareil pour les mois) mais pas celui des saisons. De même, l’usage du latin est erratique.
La façon dont vivent ensemble Terra Indigene et humains me semble on ne peut plus vraisemblable. Ce qui l’est moins, en revanche, c’est le développement des technologies. Pourquoi certaines et pas d’autres ? Ce sont des détails, mais qui montrent que l’auteur a privilégié le décor à la cohérence. Cela gêne un peu mon esprit logique mais, heureusement, n’enlève rien à l’attrait de l’intrigue.
Je l’ai trouvée prenante, j’ai même failli enchaîner avec la suite (dans mon cas, ça veut tout dire). Seuls les atermoiements de Simon quant à ses sentiments pour Meg m’ont semblé un peu trop présents. Néanmoins, Bishop équilibre bien son récit entre intrigue globale et d’autres, plus secondaires, qui concernent le quotidien des protagonistes. J’aime les voir évoluer, d’une part parce qu’ils sont attachants, d’autre part parce que leurs interactions donnent à réfléchir quand ils sont confrontés à leurs différences.
C’est une bonne série, originale et intéressante. Je vous la conseille.

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Un roman de Jo Walton, publié dans la collection Lunes d’encre chez Denoël.

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Présentation de l’éditeur :

Née en 1926, Patricia Cowan finit ses jours dans une maison de retraite. Très âgée, très confuse, elle se souvient de ses deux vies. Dans l’une de ces existences, elle a épousé Mark, avec qui elle avait partagé une liaison épistolaire et platonique, un homme qui n’a pas tardé à montrer son véritable visage. Dans son autre vie, elle a enchaîné les succès professionnels, a rencontré Béatrice et a vécu heureuse avec cette dernière pendant plusieurs décennies. Dans chacune de ces vies, elle a eu des enfants. Elle les aime tous… Mais lesquels sont ses vrais enfants : ceux de l’âge nucléaire ou ceux de l’âge du progrès ? Car Patricia ne se souvient pas seulement de ses vies distinctes, elle se souvient de deux mondes où l’Histoire a bifurqué en même temps que son histoire personnelle.

Patricia vit en maison de retraite, elle a 88 ou 89 ans, elle ne sait plus trop. Il faut dire qu’elle est un peu confuse, ses souvenirs se mélangent… D’un jour à l’autre, les choses lui semblent différentes, sa chambre, le personnel soignant… mais aussi le passé. Pour ce qui est de sa petite enfance, sa mémoire lui paraît intacte et linéaire, elle nous conte ses parents et son adolescence, ses études et la guerre… Mais quand arrive un choix important à l’orée de sa vingtaine, son existence semble se dédoubler. Dès lors, les chapitres et les situations s’alternent selon qu’elle a répondu « maintenant » ou « jamais » à la question fatidique.
J’ai aimé cette alternance et ces chapitres ni trop longs ni trop courts. Cela donne du rythme. Le contraste entre ces deux vies n’en est que plus flagrant, les subtilités du récit plus appréciables.
Jo Walton nous conte ces deux vies en parallèle, de l’enfance à la vieillesse. Elle donne peu à peu corps à cette femme dans tous les aspects de sa personnalité et de ses potentialités. Sous nos yeux, Patricia subit de nombreuses métamorphoses, les grandes lignes de sa vie étant toujours associées à un diminutif particulier. On la voit tour à tour frustrée ou épanouie, solitaire ou entourée, femme au foyer ou enseignante, mère et amante. Ces deux existences forment le Yin et le Yang, chacune porte en elle le germe de l’autre. Les deux m’ont plu, et c’est de leur mise en regard que naît tout l’intérêt, mais comme tout le monde j’avais ma préférée.
Jo Walton sait raconter le quotidien sans que cela devienne ennuyeux, elle en peint une fresque tout en clair-obscur. Patricia est un personnage formidable, quelle que soit la vie dans laquelle on la suit. C’est toujours la même femme, cohérente malgré les aléas, et on l’aime dans ses deux vies. J’ai ressenti une grande empathie à son égard, j’avais envie de l’aider et de la réconforter dans les moments difficiles et c’est en cela que réside le talent de Jo Walton : elle rend ses personnages véritablement vivants.
Les chapitres se font écho, la vie de Patricia avec Mark, sa vie sans lui, des épreuves et des joies, des faits inchangés parfois mais globalement deux vies très différentes, bien remplies, entre la maternité, la recherche du bonheur pour soi mais aussi l’envie de rendre le monde meilleur et plus sûr. Les personnages se croisent ou vivent des destins communs. Le tout rend compte de la complexité de l’existence et de ses ramifications. L’auteur a tissé un ouvrage d’une grande finesse avec un sens du détail qui force l’admiration.
En compagnie de Patricia, on vit près d’un siècle d’humanité, de luttes, de progrès, d’injustices, tous les conflits du XXe siècle et leurs possibles évolutions. Peu à peu, l’uchronie mondiale rejoint l’uchronie personnelle. Les variations s’élargissent comme par ricochet. Or, si l’un de ces mondes va vers un avenir plus radieux, ce n’est pas le cas du second. Et si nous avions gagné certains combats au détriment d’autres ?
Ce roman pose de nombreuses questions et cela dans tous les domaines. Il propose notamment une réflexion sur la lutte pour les droits des femmes ainsi que des homosexuels en tant qu’individus, mais également en tant que couples et familles. Nous nous retrouvons face à des situations aberrantes comme une femme devant renoncer à son métier parce qu’elle se marie, alors qu’en parallèle, en travaillant, elle n’aurait pas pu obtenir de prêt en étant célibataire… Les iniquités du quotidien nous sont décrites sans fard, comme par exemple une femme à qui on refuse le droit de voir sa compagne hospitalisée parce qu’elle n’est pas considérée comme un membre de sa famille…
Walton évoque de nombreux sujets, avec mise en situation, comme la contraception, les pressions psychologiques, le féminisme, le nucléaire, la vieillesse… Elle constate, ancre son propos dans le réel, sans faire la morale. Elle montre juste comment cela pourrait évoluer et donne aux gens l’occasion de se faire leur point de vue sur des sujets auxquels ils n’ont pas forcément réfléchi, que ce soit parce que ça ne les concerne pas directement, parce qu’ils n’ont pas conscience de certains faits ou que ces combats ont été gagnés et que l’on ne se rend pas forcément compte de leur valeur aujourd’hui.
Walton décrit également tout ce que l’on ne veut pas voir, comme la vieillesse et ses misères, la grande cruauté dont on peut faire preuve parfois sans en avoir conscience. Elle ne cherche ni à choquer ni à accuser, juste à montrer les choses dans leur vérité crue.
Mes Vrais Enfants est un récit intelligent, d’une grande profondeur, une uchronie complexe et émouvante. Walton a su créer une personne qui semble réelle et ce de sa petite enfance jusqu’à sa grande vieillesse. Deux fois. Et je ne parle pas de la galerie de personnages qui l’accompagnent. En fermant le livre, j’avais l’impression de quitter des amis. Elle m’a également fourni de nombreuses pistes de réflexion.
La fin était attendue et me semble cohérente. Je reprocherais juste à l’auteur de l’avoir un peu trop expliquée à mon goût. J’aime que l’on fasse confiance à mon intelligence, ceci dit je comprends aussi ce qui l’a poussée à clarifier son propos.
Ce roman est ambivalent, dans sa nature comme dans son récit. On pourrait le classer autant en fantastique qu’en science-fiction spéculative. Walton a fait preuve d’une grande maîtrise, de mon point de vue, c’est un chef-d’œuvre.

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Découvrez également les avis de Lune, Cornwall, Dionysos, A.C. de Haenne, Acr0 et Lhisbei.

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Deuxième lecture pour le Challenge Lunes d’encre.

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Un roman de Jo Walton, premier tome de la trilogie du Subtil changement, publié dans la collection Lunes d’encre de Denoël.

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Présentation de l’éditeur :

Huit ans après que « la paix dans l’honneur » a été signée entre l’Angleterre et l’Allemagne, les membres du cercle de Farthing, à l’origine de l’éviction de Churchill et du traité qui a suivi, fin 1941, se réunissent au domaine Eversley. Mariée à un Juif, ce qui lui vaut d’habitude d’être tenue à l’écart, Lucy Kahn, née Eversley, fait cette fois partie des invités. Mais les festivités sont vite gâchées par le meurtre de sir James Thirkie, le principal artisan de la paix avec Hitler. Sur son cadavre a été laissée en évidence une étoile jaune. David, le mari de Lucy, fait donc un coupable tout désigné. Convaincue de son innocence, celle-ci trouvera dans le policier chargé de l’enquête, Peter Carmichael, un allié. Mais pourront-ils, ensemble, infléchir la trajectoire d’un Empire britannique près de verser dans la folie et la haine ? Subtil mélange de roman policier classique et d’uchronie, Le cercle de Farthing est le roman qui a révélé Jo Walton au grand public, bien avant le succès mérité de Morwenna.

1949, alors que l’Allemagne s’enlise dans sa guerre contre les Russes, le Royaume-Uni, qui dix ans plus tôt s’est retiré du conflit européen, est à un tournant de sa politique. À la veille d’un important scrutin, les membres du Cercle de Farthing, courant conservateur à l’origine de cette « paix dans l’honneur, » se réunissent dans leur fief campagnard, domaine dont ils ont emprunté le nom et qui appartient à lord Eversley. C’est là que le plus éminent des leurs, Sir James Thirkie, est assassiné.
Est-ce un meurtre politique ou un crime passionnel ? Thirkie a-t-il été victime des Juifs, des bolcheviks ou des siens ? L’inspecteur Carmichael se voit chargé de démêler ce sac de nœuds mais, bien entendu, David Kahn, époux Juif de Lucy Eversley, est le principal suspect…
Premier tome d’une trilogie uchronique, Le Cercle de Farthing pose les bases de cette Histoire remaniée. On se rend compte que le cours des événements tient parfois à peu de choses… Petit à petit, avec subtilité, Jo Walton nous explique les modifications qu’elle a opérées, tout en nous présentant les artisans de cette paix hypocrite et leurs motivations. Ces marionnettistes se disputant le pouvoir sont-ils à la hauteur de leur rôle ? Quelles turpitudes se cachent derrière leurs bonnes manières ?
Jo Walton a une façon bien à elle de créer une ambiance, on se glisse très facilement dans ses récits. La lire est un vrai plaisir. Au début de ce roman, on a un peu l’impression de tomber dans une partie de Cluedo dont les personnages sortiraient d’un soap vieillot. Cela ne tire pas trop sur la caricature, ça reste amusant. Cela m’a rappelé les enquêtes de l’inspecteur Barnaby, série dont les secrets de famille, décors champêtres et petites machinations en tous genres sont le fonds de commerce.
Jo Walton a opté pour des chapitres courts, qui apportent beaucoup de dynamisme au récit et une double narration. D’un côté, nous avons Lucy et son récit à la première personne. En tant que fille de la famille, elle connaît tous les petits secrets des membres du cercle même si elle a un statut à part. Elle nous conte les événements à mesure qu’elle les vit, ses suppositions, son inquiétude à voir s’accumuler les preuves contre son mari… Ensuite, nous suivons Carmichael dans son enquête, par le regard d’un narrateur omniscient. Les deux personnages se complètent bien et leurs récits s’alternent, ce qui prévient la lassitude du lecteur car chacun a ses défauts autant que ses qualités. Lucy est intelligente et attachante, mais aussi très ingénue. Cette femme pense et parle parfois à tort et à travers. Elle peut agacer sur le long terme, même si elle apporte de la fraîcheur à l’intrigue. Ce n’est pas une héroïne prête à sauver le monde, juste une jeune femme qui a un jour gratté le vernis et s’est rendu compte de ce que valaient ses proches. Pour autant, elle n’a pas encore perdu toutes ses illusions et ne s’est jamais vraiment opposée à eux.
Carmichael est, quant à lui, un homme posé, méthodique et plutôt secret. C’est un personnage agréable à suivre, même si ses chapitres ralentissent quelquefois le récit. Si l’enquête est cohérente et rappelle les polars classiques, elle peut cependant sembler un peu lente. En fait, ce roman se déroule sur moins d’une semaine et le rythme est réaliste, mais les séries télé ont une mauvaise influence sur nous… Disons que cela conviendra mieux amateurs de romans de mœurs que de polars.
Ce n’est pas rocambolesque, mais je n’attendais pas un thriller. J’aime la façon qu’a Jo Walton de décrire les gens, de raconter une histoire sans prétention ni effets de manches. Bien que l’on puisse reconstituer le puzzle en même temps que Carmichael et Lucy, le suspense ne réside pas dans l’enquête, mais dans la capacité des personnages à se sortir de ce panier de crabes. J’ai tremblé pour Lucy et David. Je me suis énervée contre Carmichael qui laissait filer des indices. J’ai tourné à toute allure les pages du dernier tiers.
J’ai passé un excellent moment avec ce roman et j’ai hâte de voir comment Walton développe ses personnages et son uchronie dans les tomes suivants.

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Découvrez également les avis de A.C. de Haenne, Acr0, Cornwall, Dionysos, Lhisbei et Lune.

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Première lecture pour le Challenge Lunes d’encre !

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Un roman d’Anne Bishop, publié chez Milady.

 

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Présentation de l’éditeur :

Meg Corbyn a vécu toute sa vie coupée du monde, traitée comme de la viande par des hommes sans scrupules se servant de ses visions du futur pour s’enrichir. Lorsqu’elle s’enfuit, ils sont prêts à tout pour la récupérer, même à s’aventurer sur le territoire des Autres. Ces créatures de cauchemar prêtes à éradiquer l’humanité au moindre faux pas auprès desquelles Meg va trouver refuge. Mais si Simon Wolfgard, loup-garou et chef de la communauté, est d’abord intrigué par cette humaine intrépide, il pourrait à tout moment décider de simplement éliminer cette source de danger pour les siens…

Meg Corbyn, The Others en V.O., est une série de low fantasy uchronique. L’intrigue se déroule dans un monde et une époque qui ressemblent aux nôtres, mais le point de divergence remonte à la naissance de la vie sur la planète. Namid, une déesse-mère, a engendré une race particulière, composée de métamorphes, de vampires et d’élémentaires, avant les humains. Si ces derniers les nomment simplement les Autres, ils se font plutôt appeler Terra Indigene (à mon grand désespoir le latin est utilisé à tort et à travers dans ce roman, mais passons sur cette faute de goût). Dans sa grande sagesse, Namid a protégé les humains des Autres afin qu’ils puissent survivre et se développer. Néanmoins, ils ont fini par prendre conscience de l’existence les uns des autres et que dire, sinon que les humains ne sont pas cette fois au sommet de la chaîne alimentaire…
L’uchronie n’est pas plus développée que cela. Les humains se sont montrés créatifs (mais pas plus que dans notre monde) et leurs inventions ont amélioré leur mode de vie ainsi que celui des Autres par ricochet. En effet, ces derniers se sont arrogé toutes les ressources naturelles et veillent à rester la race dominante tout en profitant des progrès apportés par l’humanité. Dans les quelques grandes villes humaines, sont installés des Enclos où les lois humaines ne s’appliquent pas. Les Autres y vivent tout en surveillant leurs voisins.
L’Enclos de Lakeside est plus progressiste que les autres, même si c’est uniquement par intérêt. Et c’est là que va trouver refuge une étrange jeune femme, qui s’est échappée d’une institution.
Au début, Meg Corbyn ressemble un peu à un chaton mouillé. C’est une jeune femme très innocente, de par sa nature et le fait qu’elle n’a jamais vraiment été confrontée au monde, néanmoins elle est intelligente, elle sait s’adapter rapidement. Elle est pragmatique, même si elle a vécu des choses affreuses, elle veut aller de l’avant et ne se laisse pas aliéner par la peur. Elle a le cœur sur la main, sans être niaise ou trop naïve. Par-dessus tout, elle tient à sa liberté chèrement acquise. Si elle doit mourir, au moins mourra-t-elle libre. À l’instar des Autres, on ne peut que s’attacher à elle et vouloir son bonheur.
Ce premier tome est très axé sur les personnages et sur la présentation de cet univers en général ainsi que de l’Enclos. On apprend en même temps que Meg à connaître les Autres, leur mode de vie et les différents clans, mais surtout on découvre petit à petit qui est Meg et ce qu’elle fuit. C’est un personnage intéressant, mais pas la seule humaine sur qui va se focaliser notre intérêt. Les personnages secondaires, humains ou Terra Indigene sont tout aussi développés et j’ai particulièrement aimé Hiver.
On m’avait tellement vanté les qualités de cette série que je craignais d’y avoir placé trop d’attentes. Au final, je ne suis pas déçue du tout. Le premier tome des aventures de Meg Corbyn s’est révélé très distrayant. L’intrigue n’est pas époustouflante, mais la nature de Meg ainsi que la façon de vivre des créatures surnaturelles apportent une dose suffisante d’originalité. L’histoire est intéressante et surtout très agréable à lire. Ce roman a été ma « récréation » du soir, une pause bienvenue face à des lectures plus sérieuses, et j’étais toujours ravie de le retrouver, repoussant l’heure du coucher alors que les pages défilaient à toute vitesse.
C’est une série sympa et pleine de potentiel. Elle tire son épingle du jeu dans le flot de parutions de ce type et elle le mérite amplement.

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Avril et le monde truqué est un film d’animation, fruit d’une coproduction française, belge et canadienne. Il a été réalisé par Franck Ekinci et Christian Desmares. On doit le scénario à Franck Ekinci, Benjamin Legrand et Jacques Tardi. L’univers graphique a été imaginé par ce dernier.
En bonne trentenaire, j’ai beaucoup apprécié cette animation à l’ancienne. Les décors sont très travaillés et la colorisation superbe. Les personnages, quant à eux, sont évidemment très proches de la bande-dessinée. J’ai lu beaucoup de critiques à ce sujet et cela m’exaspère. À ceux qui trouvent La Reine des neiges plus réaliste, allez vous pendre, on en discutera après.
Bref…
Cet anime met en scène un monde ucrhonique et steampunk, partant du postulat que Napoléon III est mort à la veille de la guerre contre les prussiens, changeant ainsi l’avenir de la France. Mais ce n’est pas tout… Les plus grands savants de l’époque sont mystérieusement enlevés un à un au fil des ans. Le progrès freine, puis stagne. Le charbon est encore l’énergie principale. Il occasionne pollution et guerres. Les quelques scientifiques qui n’ont pas été enlevés sont réquisitionnés par l’État pour créer de nouvelles armes. La famille d’Avril, qui n’est pas étrangère à l’événement déclencheur de cette uchronie, se cache donc pour continuer ses expérimentations et échapper à la fois à l’État et aux kidnappeurs, mais reste au centre de toutes les attentions.
Avril et le monde truqué est vraiment un joli film d’animation. La rêveuse que je suis a adoré les engins steampunk que les personnages empruntent au fil de leurs courses poursuites. Visuellement, c’est très réussi et on se laisse emporter, malgré le scénario très prévisible. On court beaucoup dans cette histoire… Cependant, certains personnages sont très attachants. J’ai particulièrement aimé Darwin, le chat qui parle, et Pops le grand-père d’Avril, brillant et débonnaire. Il est d’autant plus sympathique que Jean Rochefort lui prête sa voix. Et puis il y a Rodrigue et Chimène, qui m’ont quand même bien fait rire…
J’ai passé un bon moment avec cet anime, mais malgré tout quelque chose me gêne un peu. Il défend des valeurs scientifiques qui ne me conviennent pas. Vous me direz, ce n’est qu’un dessin-animé… Justement, ils sont faits pour les enfants. Quelle image de la science souhaitons-nous leur transmettre ? J’aurais préféré plus de nuance dans le propos. Mais bon, chacun est libre de se faire sa propre opinion…
Cet anime reste à voir pour tous les amateurs de Steampunk, mais n’attendez pas trop de l’histoire.

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